Le Conseil national des télécommunications (CONATEL) a ordonné, dans une correspondance rendue publique ce vendredi 22 novembre, la suspension immédiate de l’émission « Boukante Lapawòl », diffusée sur la fréquence 103.7 MHz de Radio Mega. Cette décision, adressée à Alex Saint-Surin, PDG de la station, fait suite à des accusations selon lesquelles des chefs de gangs notoires, tels que Jeff Gwo Lwa et Jimmy Chérizier, alias « Barbecue », auraient utilisé cette plateforme médiatique pour diffuser des messages de haine et de terreur.
Dans sa lettre, le directeur général du CONATEL, Josué Jean-Baptiste, souligne que ces interventions publiques violent les articles 51 et 52 du décret du 12 octobre 1977, lequel confère à l’État haïtien le monopole des services de télécommunications. Le CONATEL estime que « la diffusion massive de propagande en faveur de groupes armés constitue un danger pour la sécurité nationale », particulièrement dans un contexte où l’État haïtien a déclaré l’urgence nationale pour tenter de rétablir l’ordre.
Pour justifier cette mesure, l’organisme de régulation invoque également les articles 130 et 135 du même décret, qui lui permettent d’intervenir pour des raisons de sécurité publique. En cas de non-respect de cette directive, Radio Mega s’expose à des sanctions sévères, notamment la suspension de sa concession, conformément à l’article 137 du décret de 1977.
Le CONATEL a également alerté les ministères des Travaux publics, de l’Intérieur et de la Justice pour assurer une coordination efficace et contrer les messages perçus comme une menace pour la stabilité du pays. Des poursuites pénales pourraient également être envisagées à l’encontre des responsables.
Cette décision intervient dans un climat sécuritaire déjà fragile où les médias jouent un rôle crucial dans la diffusion de l’information, mais où ils sont également sous pression pour éviter de servir de relais à des contenus susceptibles d’aggraver la situation.