Le conseiller présidentiel Louis Gérald Gilles, déjà impliqué dans un retentissant scandale de corruption lié à la Banque Nationale de Crédit (BNC), se retrouve à nouveau au cœur de graves accusations. Cette fois, il est soupçonné d’avoir commandité l’assassinat de Dickson Oreste, un militant politique engagé dans des négociations délicates avec des chefs de gangs armés en Haïti.
Un conseiller présidentiel dans la tourmente
Magalie Habitant, ancienne directrice de la SNGRS, affirme détenir des preuves accablantes qui incriminent Louis Gérald Gilles. Selon elle, Dickson Oreste avait été mandaté par le conseiller pour initier des discussions avec des chefs de gangs notoires, dont Izo, Ti Lapli, Krisla et Barbecue. Ces négociations auraient visé à orchestrer des actions violentes, notamment des attaques sur des avions, par le groupe criminel “Viv Ansanm”.
Pierre Espérance, défenseur des droits humains et directeur du Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), accuse également Louis Gérald Gilles de complicité dans des actes terroristes. Il révèle que des conversations entre les chefs de gangs et Louis Gérald Gilles auraient été interceptées via le téléphone de Dickson Oreste, notamment autour du 11 novembre 2024.
Un climat de peur et de menaces
Magalie Habitant, désormais contrainte de se cacher par crainte pour sa vie, affirme que Louis Gérald Gilles chercherait également à l’éliminer. En ce sens, Pierre Espérance invite les autorités judiciaires, notamment le commissaire du gouvernement, à agir rapidement en mettant l’action publique en mouvement. Il exhorte également à auditionner les témoins clés de cette affaire, en particulier Magalie Habitant qui dit posséder des preuves irréfutables.
Pierre Espérance, en profite pour souligner le caractère cynique de l’attitude de Louis Gérald Gilles, dénonçant une prétendue banalisation de la vie humaine par le Conseil Présidentiel de Transition (CPT). Il recommande à Magalie Habitant de collaborer avec les autorités judiciaires, notamment la Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ) et le parquet de Port-au-Prince.
L’éclatement du scandale de la BNC : une perte d’immunité
Depuis le scandale de la BNC, qui a éclaté en avril 2024, Louis Gérald Gilles et deux autres conseillers présidentiels ont perdu leur immunité. Selon l’accord du 3 avril 2024, les membres du CPT impliqués dans des actes répréhensibles peuvent désormais faire l’objet de poursuites judiciaires. Cette situation a conduit les États-Unis à exiger que ces trois conseillers soient écartés des prises de décision au sein du gouvernement.
Une réaction tardive du CPT
La passivité du CPT face à ces multiples accusations a été vivement critiquée. Selon Pierre Espérance, il est honteux que des pressions extérieures, notamment américaines, aient été nécessaires pour inciter les autorités haïtiennes à agir. Cette affaire, qui mêle corruption, assassinat présumé et terrorisme, soulève de nombreuses questions sur la gouvernance et l’impunité en Haïti.
Alors que les accusations s’accumulent, l’action publique tarde encore à se concrétiser. La question reste ouverte : l’État haïtien prendra-t-il enfin des mesures pour restaurer la confiance dans ses institutions et faire éclater la vérité dans cette affaire aux multiples ramifications ?