Les signataires de l’Accord du 3 avril dénoncent les dérives du Conseil Présidentiel de Transition

Face à l’impasse politique et à la crise sécuritaire, les parties prenantes appellent à une concertation nationale

Les tensions politiques en Haïti s’intensifient à la suite des dernières décisions controversées du Conseil Présidentiel de Transition (CPT). Dans un communiqué daté du 13 décembre, les représentants des parties prenantes, signataires de l’Accord du 3 avril 2024, expriment leurs inquiétudes face à une transition de plus en plus fragilisée par des actions jugées unilatérales, partisanes et contraires au consensus politique.

Les représentants des parties prenantes au consensus politique, signataires de l’Accord du 3 avril 2024, ont exprimé leurs vives préoccupations face à la situation sociopolitique qui se détériore en Haïti. Dans une déclaration publiée le 13 décembre 2024, ils dénoncent les décisions jugées unilatérales et partisanes du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), dirigé par Leslie Voltaire.

À travers ce communiqué, les parties prenantes lancent un signal d’alarme face aux risques de dérive autoritaire et de déstabilisation accrue. Elles appellent à des mesures urgentes pour sauver un processus de transition déjà fragile et garantir une issue politique favorable pour Haïti.

Violations de l’Accord et dérives unilatérales

Les parties prenantes dénoncent plusieurs dérives dans la gestion actuelle de la transition, en particulier :

1. Un gouvernement partisan
Elles condamnent le limogeage du Premier ministre Garry Conille et la formation d’un gouvernement sous l’autorité du Premier ministre A. Didier Fils-Aimé. Ce remaniement, qualifié d’unilatéral et de partisan, contrevient selon elles aux principes établis par la Déclaration de la Jamaïque (11 mars 2024) et l’Accord politique du 3 avril 2024.

2. La perte de contrôle sécuritaire
Alors que près de 20 000 citoyens ont été déplacés en novembre en raison des violences urbaines, les institutions de l’État sont paralysées. Le communiqué souligne que les bureaux du Ministère de l’Intérieur, de la Condition Féminine et autres services publics ne sont plus accessibles dans le centre-ville de Port-au-Prince.

Les massacres perpétrés entre le 7 et le 11 décembre à Warf Jérémie et Petite Rivière de l’Artibonite, malgré la présence des forces de police, illustrent l’effondrement sécuritaire dans le pays.

3. Des scandales de corruption
Trois des « Conseillers-Présidents », membres influents du CPT, sont pointés du doigt dans un scandale de corruption impliquant la Banque Nationale de Crédit (BNC). Inculpés par le juge d’instruction Benjamin Felismé, ces acteurs, selon le communiqué, décrédibilisent la transition politique et paralysent les avancées nécessaires.


Une transition dans l’impasse

Pour les signataires, ces événements témoignent d’une transition détournée de ses objectifs initiaux. L’absence de dialogue inclusif et la prédominance des intérêts particuliers menacent la stabilité nationale. Les controverses autour du Conseil Électoral Provisoire (CEP) et du Comité de Pilotage de la Conférence Nationale montrent, selon eux, que le CPT s’éloigne du processus démocratique prévu.

Appels à des mesures urgentes

Les signataires exigent des mesures immédiates pour sauver la transition :

Un acte politique fort : Les membres du CPT non impliqués dans le scandale de corruption doivent se désolidariser des « Conseillers-Présidents » incriminés pour rétablir la crédibilité de l’institution.

Une concertation nationale : Ils appellent la CARICOM et d’autres facilitateurs internationaux à intervenir pour relancer le dialogue entre les acteurs politiques et élargir le consensus à d’autres secteurs non-signataires de l’Accord du 3 avril.

L’objectif, selon le communiqué, est la mise en place d’une gouvernance stable, capable de garantir la paix civile et de répondre aux défis économiques et sécuritaires auxquels fait face le pays.

Les signataires, issus de divers courants politiques et sociaux, réaffirment leur attachement aux principes de l’Accord du 3 avril 2024.

Face à une transition compromise, les parties prenantes lancent un signal d’alarme. Elles mettent en garde contre les risques de déstabilisation accrue et appellent à des réformes immédiates pour préserver l’avenir politique et démocratique d’Haïti.

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