Trêve des déportations : un répit éphémère pour les Haïtiens en République dominicaine

La République dominicaine a annoncé une suspension temporaire des déportations de migrants haïtiens à l’occasion des fêtes de fin d’année. La Direction générale des migrations (DGM) a précisé que cette trêve, observée les 31 décembre et 1er janvier, est une tradition annuelle. Cependant, cette mesure, aussi brève soit-elle, ne suffit pas à apaiser les tensions autour de la politique migratoire dominicaine, jugée de plus en plus sévère.

Depuis le début de l’année, la République dominicaine a intensifié ses expulsions de migrants haïtiens en situation irrégulière. Selon les données officielles, 237 804 personnes ont été rapatriées entre janvier et décembre 2024, contre 174 602 en 2023. Cette augmentation s’inscrit dans une stratégie impulsée par le président Luis Abinader, qui a appelé à des expulsions massives lors d’une réunion tenue en octobre. L’objectif fixé : expulser jusqu’à 10 000 personnes par semaine.

Julio Caraballo, directeur de la communication de la DGM, a confirmé que la trêve de fin d’année n’est pas une réponse à des pressions extérieures, mais une décision habituelle : « Chaque année, l’immigration dominicaine interrompt temporairement les déportations pendant les fêtes. » Une mesure qui, bien qu’appréciée, ne masque pas la brutalité d’une politique migratoire régulièrement dénoncée pour ses violations des droits humains et les conditions dégradantes imposées aux expulsés.

Entre expulsions forcées et retours volontaires

Face à cette répression croissante, de nombreux Haïtiens vivent dans une peur constante. Certains, épuisés par des conditions de vie précaires et les menaces permanentes, choisissent de retourner volontairement en Haïti. Pourtant, ni les autorités dominicaines ni les autorités haïtiennes ne disposent de statistiques fiables sur ces retours volontaires, laissant planer une incertitude sur l’ampleur réelle de ce phénomène.

En parallèle, le gouvernement dominicain cherche à renforcer le contrôle migratoire. Début décembre, le ministre de l’Intérieur et de la Police, Faride Raful, a annoncé la création d’une unité spécialisée dans la gestion migratoire. Cette structure vise à surveiller davantage les zones frontalières, où les tensions sont particulièrement vives, et à limiter les entrées clandestines.

Malgré l’urgence humanitaire, les négociations entre les gouvernements haïtien et dominicain stagnent. Les deux parties peinent à trouver des solutions pour améliorer les conditions de vie des Haïtiens sur le sol dominicain, et les initiatives concrètes se font attendre. Pendant ce temps, les expulsions massives se poursuivent, souvent accompagnées de traitements humiliants, renforçant le sentiment de désespoir parmi les migrants.

La suspension temporaire des déportations pour les fêtes de fin d’année offre un répit bienvenu aux Haïtiens vivant en République dominicaine. Mais cette mesure, limitée à deux jours, reste largement insuffisante face aux défis structurels auxquels sont confrontés les migrants.

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