Haïti 2024 : une année de douleurs, de feu, de sang et de désillusions

Alors que l’année 2024 tire sa révérence, Haïti se retrouve plongé dans un bilan sombre et accablant. Entre une insécurité galopante, une instabilité politique chronique et un effondrement économique sans précédent, cette année s’impose comme l’une des plus dramatiques de l’histoire récente du pays.

Sécurité : une nation sous la coupe des gangs

En 2024, Haïti a sombré dans une violence endémique. Les gangs armés, menés par des figures comme Jimmy Chérizier alias « Barbecue », ont étendu leur contrôle sur la majorité du territoire, réduisant l’État à une simple spectatrice impuissante.

Les attaques armées ont ciblé des institutions stratégiques telles que commissariats, universités, et même le Palais national, désormais déserté. En mars, des assauts coordonnés contre les centres pénitentiaires de Port-au-Prince et de la Croix-des-Bouquets ont permis l’évasion de plus de 5 000 détenus, exacerbant le chaos.

Des massacres d’une brutalité inouïe ont marqué l’année, notamment celui de Wharf Jérémie en décembre, où plus de 200 personnes ont été massacrées. Les gangs ont également mis à feu et à sang le département de l’Artibonite où dans certaines villes presque plus rien ne fonctionne. Ces violences ont entraîné une crise humanitaire majeure : plus de 800 000 personnes déplacées et une famine touchant plus de la moitié de la population, selon l’ONU.

À cela s’ajoute la fermeture durant plusieurs mois de plusieurs hôpitaux notamment l’hôpital universitaire d’État d’Haïti (hôpital général), le plus grand centre hospitalier du pays. Une tentative de réouverture le 24 décembre dernier par les autorités avait viré au drame et fait au moins 3 morts et plus d’une dizaine de blessés.

Qui pis est, le principal aéroport international du pays, l’aéroport Toussaint Louverture est contraint de suspendre ses activités en raison d’attaques terroristes qui ont ciblé des avions. Depuis tantôt deux mois, les vols internationaux sont interdits à Port-au-prince. Laquelle situation rend encore plus difficile la communication aérienne entre Haïti et la communauté internationale.

Politique : L’instabilité persiste

Sur le plan politique, 2024 a été marquée par l’effondrement du gouvernement d’Ariel Henry en mars, après une montée en puissance des gangs. Le Conseil présidentiel de transition (CPT), composé de neuf membres, a pris les rênes du pouvoir en avril avec l’appui de la communauté internationale.

Malgré ses promesses, le CPT s’est avéré incapable d’apporter des améliorations concrètes à la vie des citoyens. Son mandat a été terni par un scandale de corruption impliquant trois de ses membres, accusés d’avoir exigé des pots-de-vin pour maintenir un dirigeant bancaire à son poste. Bien que les accusations aient été publiquement dénoncées, aucune action décisive n’a été prise.

Révocation de Garry Conille, violation des prescrits de l’accord du 4 avril créant le CPT, aucune volonté concrète n’a été constatée afin de mettre le pays sur la voie de la démocratie et de l’ordre constitutionnel.

Économie : une crise sempiternelle

L’économie haïtienne, déjà fragilisée, a connu une sixième année consécutive de récession, avec une contraction de 4,2 % du PIB en 2024, selon l’Institut haïtien de statistique et d’informatique (IHSI). Le PIB réel est tombé à 568 milliards de gourdes, plongeant encore davantage la population dans la précarité.

Cependant, un élément positif a émergé : les transferts de fonds de la diaspora ont atteint un niveau record de 4,1 milliards de dollars, une augmentation de 9,5 %. Ces contributions, bien que vitales, ne suffisent pas à redresser une économie en chute libre.

Un avenir incertain

Au-delà de la violence, des scandales politiques et de la crise économique, l’année 2024 a marqué un point bas pour Haïti. Le pays semble enlisé dans une spirale de désespoir, avec des institutions affaiblies et une population laissée à son sort.

Alors que la nouvelle année débute, la résilience du peuple haïtien reste sa plus grande force. Mais sans une réforme en profondeur et une action décisive, 2024 pourrait bien n’être que le prélude à des défis encore plus grands.

Que peut-on espérer de 2025 considérée comme une année électorale, de réforme constitutionnelle et institutionnelle et du renforcement des institutions alors que la situation ne fait qu’aller de mal en pis.

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