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Le Conseil de sécurité des Nations unies s’est réuni le mardi 22 janvier pour examiner la crise sécuritaire en Haïti, marquée par une escalade de violences sans précédent. Une majorité des membres plaide pour une transformation de la Mission multinationale de soutien à la sécurité (MMSS) en une mission de maintien de la paix, dans l’espoir de renforcer son efficacité et son financement.

La représentante spéciale du secrétaire général, María Isabel Salvador, a décrit un tableau sombre. En 2024, les violences perpétrées par des gangs ont causé plus de 5 000 morts, avec des massacres et des actes de terreur devenus monnaie courante. Ces groupes criminels contrôlent des zones stratégiques, paralysant les efforts des autorités locales. La Police nationale d’Haïti (PNH) et la MMSS, confrontées à un manque criant d’équipements et de formation, peinent à contenir cette insécurité.

Ghada Fathi Waly, directrice exécutive de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), a souligné l’impact dévastateur de l’afflux d’armes malgré un embargo. Elle appelle à un contrôle renforcé des armes et des frontières, notamment entre Haïti et la République dominicaine, pour freiner l’escalade de la violence.

Le besoin d’une mission renforcée
Plusieurs membres du Conseil ont mis en avant les limites actuelles de la MMSS, qui repose sur des contributions volontaires insuffisantes. Le Suriname, au nom de la CARICOM, ainsi que la République de Corée et Haïti, ont insisté sur la nécessité d’une mission mieux financée et dotée d’un mandat clair pour répondre à l’ampleur des défis.

Le ministre des Affaires étrangères haïtien a renouvelé l’appel urgent de son pays pour une mission de maintien de la paix, jugée indispensable face à l’échec des initiatives actuelles. Le Kenya s’est dit prêt à assumer un rôle de leadership dans cette transition, tandis que la République dominicaine a souligné que l’inaction aggraverait inévitablement la crise.

Certains États, comme les États-Unis et la Grèce, ont préconisé d’attendre les recommandations du secrétaire général avant de prendre une décision. La Russie a insisté sur la nécessité pour les donateurs de tenir leurs engagements financiers avant d’envisager une transformation de la mission. La Chine, de son côté, a critiqué les États-Unis, qu’elle juge responsables de la situation actuelle, et a plaidé pour une approche centrée sur le soutien à Haïti, sans imposition de solutions extérieures.

Gestes de solidarité et engagements financiers


Dans un geste concret, la République de Corée a annoncé une contribution de 10 millions de dollars au Fonds d’affectation spéciale pour la MMSS. La France a également accru son soutien, avec un financement équivalent, destiné notamment à des formations en français et en créole pour les forces déployées.

Le Pakistan, soutenu par la Colombie, a rappelé que toute intervention devait respecter la souveraineté et la volonté du peuple haïtien. Ils ont souligné l’importance d’un dialogue étroit avec les dirigeants locaux pour garantir l’efficacité des mesures.

La réunion du Conseil de sécurité a mis en lumière l’urgence d’une réponse internationale plus robuste face à la crise en Haïti. La transformation de la MMSS en mission de maintien de la paix pourrait marquer un tournant, mais elle reste conditionnée par un consensus des membres de l’ONU et un financement adéquat. Le sort de la population haïtienne, confrontée à une violence extrême, dépendra des décisions prises dans les semaines à venir.