Multiplication des attaques armées contre la presse haïtienne : Le RNDDH rappelle aux autorités de la transition leur promesse de sécurité

Le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH) exprime ce lundi 17 mars 2025, sa vive préoccupation face à l’escalade des violences dirigées contre les médias et les journalistes en Haïti. Ces attaques, attribuées à l’organisation terroriste Viv Ansanm, se multiplient sous le regard passif des autorités de la transition, mettant en péril la liberté de la presse et la sécurité des professionnels de l’information, dénonce le RNDDH.

Entre le 12 et le 16 mars 2025, pas moins de trois médias ont été la cible de ces actes criminel. Dans la nuit du 12 au 13 mars 2025, les locaux de la Radiotélévision Caraïbes (RTVC), situés à Port-au-Prince, ont été incendiés après avoir été pillés par des individus armés. La Radio Mélodie FM a également été vandalisée dans la même nuit, dans la nuit du 15 au 16 mars 2025, la chaîne Télé Pluriel, implantée à Delmas, a subi un incendie criminel après que des assaillants ont forcé l’entrée principale du bâtiment.

Ces attaques récentes s’inscrivent dans une vague de violences qui perdure depuis plus d’un an et qui a déjà coûté la vie à plusieurs journalistes a critiqué l’organisation qui dénonce une année de terreur contre la presse.

Depuis le 28 février 2024, l’organisation criminelle Viv Ansanm impose un climat de peur et d’insécurité dans le pays, en particulier dans les départements de l’Ouest et de l’Artibonite. Les attaques contre les médias sont devenues une stratégie récurrente pour faire taire la presse. Le 18 mars 2024, le journaliste Lucien Jura a été enlevé à Pétion-Ville et libéré trois jours plus tard après versement d’une rançon.
Du 18 au 19 avril 2024, les locaux du journal Le Nouvelliste ont été saccagés sans qu’aucune intervention ne vienne stopper les assaillants.
Le 24 décembre 2024, une attaque d’une violence inouïe a coûté la vie aux journalistes Marckenzy Nathoux et Jimmy Jean, qui couvraient la réouverture de l’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti (HUEH). Sept autres journalistes, dont Robens Pétion, Réginald Baltazar et Florise Deronvil, ont été blessés par balles, a retracé le RNDDH.

Les violences perpétrées contre la presse ne sont pas le fruit du hasard selon l’organisation. En octobre 2024, une vidéographie devenue virale sur les réseaux sociaux montrait Jimmy Chérizier, alias “Barbecue”, chef d’un gang influent, appelant ouvertement à s’en prendre aux médias. Il accusait les journalistes de nuire au pays et incitait ses hommes à les attaquer systématiquement.

Cette incitation publique à la violence, restée sans réponse des autorités, a conduit à une recrudescence des attaques, dont l’intensité et la fréquence préoccupent désormais la communauté nationale et internationale.

Un État impuissant face à la montée du terrorisme

Malgré la présence de la Police Nationale d’Haïti (PNH), des Forces Armées d’Haïti (FAD’H) et du soutien de la Mission Multinationale d’Appui à la Sécurité (MMAS), la situation sécuritaire ne cesse de se détériorer. Ces forces combinées semblent incapables de juguler la menace que représente Viv Ansanm.

Le RNDDH dénonce l’inaction des autorités et souligne que certains agents de la PNH sont suspectés de collusion avec les gangs armés, sans que des mesures disciplinaires ne soient prises à leur encontre. Quant aux militaires des FAD’H et aux forces de la MMAS, ils ne disposent pas des ressources suffisantes pour mener des interventions d’envergure.

Si aucune mesure n’est rapidement prise, le département de l’Ouest risque de tomber entièrement sous le contrôle des groupes armés, déclenchant un carnage sans précédent, prévient le RNDDH.

Face à cette situation alarmante, le RNDDH adresse un message clair aux autorités de la transition : il est temps d’agir. Moins d’un an auparavant, ces mêmes autorités avaient solennellement promis de ramener l’ordre et la sécurité dans le pays. Cette promesse demeure, à ce jour, non tenue.

Le RNDDH exprime sa solidarité avec les médias et les journalistes victimes de ces actes criminels et exhorte les dirigeants à mettre en place des mesures urgentes pour stopper cette spirale de violence.

Haïti ne saurait prospérer dans un climat où la presse est muselée par la terreur estime le RNDDH qui croit qu’il appartient aux autorités de prouver leur engagement envers la liberté d’expression et l’État de droit, en garantissant la sécurité des professionnels de l’information et en mettant fin à l’impunité dont bénéficient les criminels.

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