Restitution et réparations : Haïti salue le geste de la France, mais réclame davantage

Alors que la France a officiellement reconnu, le 17 avril 2025, l’injustice historique qu’a constituée le paiement de la dette imposée à Haïti en 1825 en échange de sa liberté, la réponse haïtienne n’a pas tardé. Le Comité National Haïtien pour les Restitutions et Réparations (CNHRR) a salué une avancée, mais juge le geste trop timide et insuffisant.

Dans une déclaration prononcée depuis le Palais de l’Élysée, le Président Emmanuel Macron a reconnu que la jeune République d’Haïti, contrainte par une ordonnance du roi Charles X, a dû s’acquitter d’une lourde indemnité, « un prix pour la liberté », selon ses mots. Il a annoncé la création d’une commission franco-haïtienne composée d’historiens chargés d’examiner cette mémoire douloureuse.

Mais à Port-au-Prince, le ton est plus réservé. Dans une note publiée le 27 avril 2025, le CNHRR estime que si le geste va dans la bonne direction, la France refuse toujours d’aborder clairement et avec détermination la question des restitutions.

Une reconnaissance sans réparation

Le CNHRR salue la reconnaissance du tort causé par la dette d’indépendance, mais regrette l’absence de volonté politique d’aller plus loin.

« La France reconnaît l’esclavage comme un crime contre l’humanité, mais refuse de réparer ce crime », peut-on lire dans la note officielle du comité.

Le Comité insiste sur le fait que le dialogue sur la mémoire ne saurait remplacer un engagement réel envers la justice et la réparation. Il appelle à ce que la lutte pour la restitution de la rançon de l’indépendance se poursuive, et se renforce.

Un vrai mandat pour la commission ?

Pour les autorités haïtiennes, la commission annoncée ne peut être crédible que si elle aborde toutes les dimensions de la restitution et des réparations. Une simple lecture historique ne saurait suffire, selon le CNHRR. Ce dernier plaide pour que la commission ait un mandat clair : explorer les voies de la justice, de la restitution et de la réparation concrète.

Un tournant ou un simple symbole ?

Cette double déclaration marque peut-être un tournant dans les relations entre les deux nations. Mais pour une large part de l’opinion publique haïtienne, seule une réparation réelle, financière, morale et symbolique, pourra ouvrir la voie à une réconciliation durable.

Reste à savoir si la France ira au-delà des mots.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *