
Moïse Jean-Charles, ancien sénateur et leader de Pitit Dessalines, tente de redonner de l’élan à son parti, désormais fragilisé sur la scène politique. Après plusieursy mois d’absence médiatique et un scandale de corruption éclaboussant son représentant au sein du Conseil présidentiel de transition (CPT), cette tentative de reconstruction ressemble de plus en plus à un effort désespéré pour restaurer une crédibilité entamée.
Intervenant sur les ondes de la radio Magik 9, le lundi 28 avril, le leadership de Pitit Dessalines a tenté de se dédouaner de l’échec du CPT, un an après l’entrée en fonction de ses neuf membres. Dans son intervention, Moïse Jean-Charles a menacé de faire remettre la démission de son représentant si aucune action concrète n’était engagée pour résoudre l’insécurité, alors que la violence des gangs continue de se propager de commune en commune.
Il affirme qu’après plusieurs rencontres avec les Premiers ministres successifs et le ministre de l’Intérieur, aucune véritable volonté politique n’a été démontrée pour sortir le pays de cette situation chaotique.
« Vu ce manque de volonté, nous estimons que nous ne pouvons pas cautionner cette situation », a déclaré Jean-Charles, alors même que son représentant est chargé du chantier de la sécurité au sein du CPT.
« Au lieu de prendre des décisions concrètes, ce sont des contrats dans la police et au sein de l’État que les dirigeants se disputent », a-t-il ajouté, tout en gérant également le ministère de l’Agriculture.
En 2024, l’insécurité en Haïti a atteint un niveau dramatique avec plus de 5 600 morts recensés, soit 1 000 de plus qu’en 2023, selon les Nations unies. La violence des gangs a provoqué des milliers de déplacés et paralysé l’accès aux services essentiels, compromettant davantage les efforts de stabilisation du pays.
Son représentant éclaboussé dans un scandale de corruption
La participation de Pitit Dessalines au sein du CPT a considérablement terni l’image du parti. Emmanuel Vertilaire, son représentant, est au cœur d’un vaste scandale de corruption documenté par l’Unité de lutte contre la corruption (ULCC).
Aux côtés de Smith Augustin et Gérald Gilles, il est accusé d’avoir exigé 100 millions de gourdes pour la reconduction de Raoul Pierre-Louis à la tête de la Banque nationale de crédit (BNC). Ils sont poursuivis pour des faits de pot-de-vin, de corruption passive et d’abus de fonction.
L’ULCC a recommandé leur mise en accusation devant la justice.
Cette situation a paralysé le fonctionnement du CPT, contrairement aux attentes initiales. Deux des trois conseillers mis en cause ont été contraints de renoncer à leurs ambitions de diriger le Conseil pour conserver leur siège de membre. Ils ont été remplacés par Fritz Alphonse Jean, représentant de l’accord Montana, et prochainement par Laurent Saint-Cyr, représentant du secteur privé.
Le scandale a renforcé l’image d’un CPT incapable de répondre aux attentes populaires, alors que la responsabilité des échecs est partagée entre ses neuf membres, mais aussi entre les partis politiques et organisations de la société civile qui les ont désignés, dont Pitit Dessalines.
Pour plusieurs observateurs, c’est l’ensemble de la classe politique, y compris Moïse Jean-Charles, qui a échoué à répondre aux revendications fondamentales de la population, en particulier le rétablissement de la sécurité.
Dans ce contexte de discrédit généralisé, la tentative actuelle de Moïse Jean-Charles de relancer Pitit Dessalines apparaît pour beaucoup comme un effort de sauvetage face à une perte profonde de crédibilité.
Pendant ce temps, l’insécurité reste alarmante à travers le pays, et alors que l’État perd le contrôle de vastes territoires, le Conseil présidentiel de transition continue de représenter une lourde charge financière. Selon un rapport du RNDDH, les membres du CPT coûtent environ 93.5 millions de gourdes par mois à l’État haïtien, soit plus de 1.122 milliards de gourdes sur l’année écoulée.
La Rédaction
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