
À l’heure où les caisses publiques sont exsangues, le Réseau national de défense des droits humains (RNDDH) révèle dans un rapport accablant que les neuf membres du Conseil présidentiel de transition (CPT) coûtent annuellement 1,112 milliard de gourdes à l’État haïtien.
Malgré les promesses de « rationalisation des dépenses publiques » annoncées dans le décret du 23 mai 2024, les avantages accordés aux conseillers frôlent l’indécence.
Chaque membre bénéficie d’une indemnité mensuelle estimée à 10 millions de gourdes, incluant salaire, frais de carburant, logement secondaire, cartes téléphoniques, alimentation, ainsi qu’une carte de débit généreusement dotée.
Face à ces révélations, le silence du CPT est assourdissant. Aucun communiqué n’a été publié pour justifier ou contester ces montants, dans un contexte national marqué par l’effondrement des services publics et l’exaspération croissante de la population.
Le RNDDH note notamment que 4,5 millions de gourdes par mois sont alloués sous le libellé flou de « frais d’intelligence », tandis que 925 000 gourdes sont destinées à la restauration individuelle de chaque conseiller. Une somme supplémentaire de 3,5 millions de gourdes est attribuée chaque mois au collectif des neuf membres pour couvrir les petits-déjeuners et déjeuners.
Comme si cela ne suffisait pas, les membres du CPT se sont accordé des primes exceptionnelles lors des fêtes. À Pâques, chacun aurait perçu entre 3 000 000 et 5 000 000 de gourdes en paiements additionnels.
Pendant ce temps, l’insécurité s’aggrave dans tout le pays. Les gangs armés multiplient les attaques, de zone en zone, poussant des milliers de familles sur les routes de l’exode. La capitale est fragmentée entre groupes criminels, tandis que les enlèvements, les massacres de civils et les pillages se banalisent dans un climat de terreur généralisée.
Sur le plan économique, Haïti vient de traverser sa sixième année consécutive de récession. La production nationale est au plus bas, l’inflation galopante ronge le pouvoir d’achat, et le chômage atteint des niveaux records. Près de la moitié de la population vit en insécurité alimentaire sévère, selon l’Organisation des Nations Unies, tandis que les perspectives de redressement économique sont quasi inexistantes.
Face à cette situation, la Police nationale d’Haïti (PNH), débordée et mal équipée, peine à contenir les violences. Faute de matériels adaptés, notamment d’hélicoptères, les forces de l’ordre sont incapables de mener des opérations efficaces contre les groupes armés. Cette impuissance renforce la vulnérabilité de la population et l’effondrement progressif de l’État haïtien.
La Rédaction
Laisser un commentaire