L’arrivée de Sergueï Lavrov mardi soir à Saint-Domingue marque une nouvelle étape dans la stratégie géopolitique de la Russie dans la région caribéenne. Le ministre russe des Affaires étrangères participera à l’inauguration de la première ambassade de son pays sur le sol dominicain.
Jusqu’à présent, la Russie gérait ses relations avec la République dominicaine par l’intermédiaire de son ambassade à Caracas, au Venezuela. Ce déplacement vise donc à mettre fin à cette gestion distante et à doter Moscou d’une présence diplomatique directe dans l’île. Ce geste constitue un signal clair du Kremlin, dans un contexte mondial tendu, où les alliances régionales prennent un nouveau poids stratégique.
Cette évolution intervient 80 ans après l’établissement des relations officielles entre les deux pays, en 1945. Malgré cette longue histoire, les échanges ont longtemps été limités, sans qu’aucune ambassade russe ne soit installée en République dominicaine. Seule Saint-Domingue avait franchi le pas en 2006 en ouvrant une représentation à Moscou.
Lavrov doit rencontrer le président dominicain, Luis Abinader, au Palais national. L’ambition russe est claire : élargir son réseau diplomatique en Amérique latine et dans les Caraïbes, tout en contournant l’isolement imposé par les puissances occidentales.
Ce rapprochement russo-dominicain évoque également des tentatives similaires dans d’autres pays de la région, notamment en Haïti. Sous la présidence de Jovenel Moïse, des discussions avaient eu lieu avec des représentants russes. Ces derniers avaient proposé un soutien dans la lutte contre l’insécurité, alors que la situation sécuritaire du pays commençait à se détériorer.
Cependant, ces initiatives n’ont pas abouti. Depuis, la dégradation politique en Haïti a freiné toute velléité de rapprochement diplomatique avec Moscou. Alors que la République dominicaine avance à grands pas vers une coopération renforcée avec la Russie, Port-au-Prince demeure plongée dans une crise politique et sécuritaire prolongée, exacerbée par la violence des gangs.
La Rédaction
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