Haïti cherche un appui renforcé de la BID dans un contexte où son économie est en chute libre

Alors que l’économie haïtienne traverse l’une de ses périodes les plus critiques depuis des décennies, le président de la Banque interaméricaine de développement (BID), Ilan Goldfajn, effectue une visite officielle dans le pays du 7 au 9 mai 2025. À l’initiative du gouvernement, cette mission se déroule principalement dans les départements du Nord et du Nord-Est, marquant une volonté de relancer la coopération régionale et sectorielle.

L’agriculture, longtemps pilier de l’économie haïtienne, ne l’est plus. L’insécurité rurale, la rareté des intrants, la sécheresse persistante et l’absence d’appui technique ont poussé de nombreux agriculteurs à abandonner leurs terres. La production vivrière chute fortement, aggravant l’insécurité alimentaire.

Le secteur industriel tourne au ralenti. Les zones franches, souvent situées dans des zones vulnérables, sont affectées par les blocages routiers, les coupures d’électricité et l’environnement sécuritaire précaire. Plusieurs entreprises sous-traitantes ont réduit leurs activités.

Le secteur des services, notamment le commerce, est lui aussi durement touché. De nombreux établissements ferment leurs portes, en particulier à Port-au-Prince et dans sa périphérie, où les enlèvements et la violence perturbent les échanges.

Haïti reste fortement dépendante des importations pour son alimentation, son carburant et ses biens essentiels. Toutefois, les volumes d’importation ont chuté ces derniers mois, en raison des blocages persistants dans les ports, des routes stratégiques contrôlées par des gangs et de la baisse de la demande intérieure. Le port de Port-au-Prince, principal point d’entrée maritime, fonctionne à capacité réduite.

Dans ce contexte, la visite d’Ilan Goldfajn s’inscrit comme une tentative de réengagement de la BID auprès d’un pays en grande détresse. Le président du Conseil présidentiel de transition, Fritz Alphonse Jean, rencontrera la délégation afin d’explorer un appui technique et financier renforcé. L’objectif est de consolider les projets en cours dans les domaines de l’éducation, des infrastructures, de l’eau potable, de la protection sociale, de la culture, de la gouvernance et du développement local.

Des visites de terrain sont prévues pour évaluer l’impact réel des actions de la BID, dans un contexte où les contraintes sécuritaires freinent fortement la mise en œuvre des projets.

Malgré un discours axé sur le changement et le redressement, le Conseil présidentiel de transition peine à enrayer la spirale économique négative. En un an, aucun des grands secteurs économiques n’a connu de reprise significative. L’économie reste paralysée par l’insécurité croissante, les déplacements massifs de population et l’effondrement des circuits de production et de distribution.

Les promesses de transition se heurtent à la réalité d’un État faiblement présent sur le territoire et à l’absence de réformes structurelles d’envergure.

Le gouvernement affirme sa volonté de mobiliser davantage de ressources pour répondre aux besoins urgents de la population. Mais la communauté internationale, prudente, attend des signaux clairs en matière de stabilisation politique, de gouvernance et de sécurité. Sans amélioration dans ces domaines, les projets risquent d’être ralentis, suspendus, voire détournés de leurs objectifs.

La Rédaction

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