
Alors que des pans entiers du territoire échappent toujours au contrôle de l’État, la Direction Départementale de la Police du Sud a procédé, mardi 13 mai 2025, à l’installation du commissaire Emmanuel Rocher à la tête du commissariat de Port-Salut. Une cérémonie classique, marquée par les appels habituels à la collaboration et à l’engagement, mais qui pose, encore une fois, la question du réel impact de ces rotations sur le terrain sécuritaire national.
Dans son discours, le commissaire divisionnaire Allan Serge Jolicœur a exhorté les agents à plus de synergie, espérant ainsi renforcer la sécurité dans la commune.
Un discours bien rodé, mais qui paraît déconnecté d’une réalité bien plus préoccupante : pendant que l’institution procède à des installations cérémonielles dans le Sud, des communes comme Mirebalais, Saut-d’Eau, Delmas 30, Solino et même Kenscoff restent sous le joug des gangs armés.
Depuis plusieurs mois, ces zones, certaines stratégiques comme Mirebalais ou Delmas, sont devenues des bastions incontrôlés où la police semble absente, voire impuissante. Pourtant, le directeur général par intérim de la PNH, Rameau Normil, multiplie les annonces de “renforcement” des dispositifs, sans que les résultats ne suivent.
Ce décalage soulève une interrogation légitime : que valent ces installations quand la hiérarchie policière reste silencieuse face à l’échec flagrant des opérations dans les zones en crise ?
Le Sud, relativement calme comparé à l’aire métropolitaine ou au Plateau Central, devient le théâtre de mises en scène sécuritaires, pendant que l’essentiel du pays vit dans la peur, les déplacements forcés et les assassinats.
En nommant Emmanuel Rocher à Port-Salut et Fanfan Francener comme son adjoint, la PNH continue de remplir ses cases administratives. Mais à quoi bon, si ces gestes ne s’accompagnent pas d’une stratégie claire pour libérer les communes tombées aux mains des criminels ? Tant que la direction centrale ne répondra pas à cette urgence nationale, ces installations resteront symboliques, voire cyniques, aux yeux d’une population lassée par les discours et trahie par l’inaction.
La Rédaction
Laisser un commentaire