Pepe Mujica s’éteint, l’Amérique latine perd une conscience universelle

Une onde de tristesse a traversé l’Amérique latine à l’annonce du décès de José “Pepe” Mujica le 13 mai, figure emblématique de la gauche uruguayenne et ancienne voix morale du continent. À 89 ans, l’ex-président s’est éteint après avoir supporté un cancer de l’œsophage qui s’était propagé à d’autres organes.

Il part, laissant derrière lui une empreinte indélébile, à savoir celle d’un homme qui a choisi la simplicité, la cohérence et le dévouement total à son peuple.

« Une vie cohérente. Une vie dont le dessein est clairement d’améliorer les conditions de vie du peuple uruguayen », a résumé Tomás Hirsch, député chilien d’Acción Humanista, dans un hommage poignant.

L’histoire de Mujica est marquée par la lutte, la prison et la résilience. Membre des Tupamaros dans les années 60, il a été détenu durant treize ans sous la dictature avant de réapparaître sur la scène politique comme ministre, puis président entre 2010 et 2015.

Fidèle à ses convictions, il vivait dans une modeste ferme et reversait 90 % de son salaire à des œuvres sociales. « Nous sommes des humanistes. Nous pensons à ce qui est bon pour l’avenir de l’humanité », confiait-il encore récemment au président chilien Gabriel Boric.

Au pouvoir, Mujica s’est illustré par des réformes audacieuses : légalisation du cannabis, mariage égalitaire, dépénalisation de l’avortement, promotion de l’université technologique publique. Il a aussi initié le programme de logements sociaux « Juntos », fondé sur l’implication des bénéficiaires eux-mêmes. Mais au-delà des lois, c’est sa vision du monde, anti-consumériste et profondément solidaire, qui a marqué les esprits.

Sa parole, souvent poétique, toujours percutante, portait un message de paix et de justice. Il dénonçait la « gigantesque dette sociale » en Amérique latine, plaidait pour la protection de l’Amazonie, l’intégration des peuples et le refus de la guerre. En février 2024, encore présent aux Journées latino-américaines de l’intégration, il rappelait que « l’intégration n’est pas une fin en soi […], elle doit susciter de la passion ». Jusqu’à son dernier souffle, il aura continué à rêver d’un monde plus juste.

Avec la mort de Pepe Mujica, l’Uruguay perd une légende, et l’Amérique latine, un sage.

La Rédaction

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