Reuven Bigio, intermédiaire clé entre Erik Prince et l’État haïtien, selon Miami Herald

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L’introduction d’Erik Prince en Haïti ne s’est pas faite par hasard. Selon des informations rapportées par le Miami Herald, c’est Reuven Bigio, PDG du groupe GB, qui aurait facilité les contacts entre Prince et les autorités haïtiennes.

Ce rôle d’intermédiaire place Bigio – héritier d’un empire fondé par Gilbert Bigio, homme d’affaires sanctionné par le Canada – au cœur des tractations sécuritaires et douanières en cours. Le groupe GB contrôle notamment le port privé de Lafito, où des forces armées privées sont déjà déployées.

Prince aurait présenté aux autorités haïtiennes une offre visant à neutraliser les gangs qui bloquent les principales routes du pays. Son modèle repose sur un système de rémunération indexé sur les recettes fiscales : son entreprise percevrait un pourcentage de l’augmentation des recouvrements.

Cette proposition, bien qu’ambitieuse, soulève des préoccupations sur la privatisation des fonctions régaliennes et sur les intérêts privés qui influencent les décisions de l’État.

En parallèle, le gouvernement de transition négocie un accord pour sécuriser la frontière avec la République dominicaine, devenue un point d’entrée majeur pour les armes illégales. L’objectif est de confier à une entreprise privée la gestion de la sécurité et de la perception des impôts, en restructurant les douanes et l’unité spécialisée PoliFRONT.

Cette initiative vise à assainir les flux commerciaux et à réduire les financements des groupes armés. Un responsable gouvernemental haïtien a confirmé au Miami Herald que des discussions sont en cours pour établir un contrat de dix ans.

Celui-ci permettrait à l’entreprise retenue de concevoir et d’opérer un système de taxation des marchandises importées, qui génèrent actuellement entre 60 et 70 millions de dollars de revenus pour les gangs.

L’enjeu est de rediriger ces fonds vers l’État haïtien tout en renforçant la sécurité aux points de passage stratégiques. Bien que le nom de Vectus Global, société fondée par Prince, n’ait pas été explicitement mentionné dans les documents officiels, plusieurs sources indiquent qu’elle figure parmi les entreprises en compétition pour obtenir le contrat frontalier.

Le fait que Reuven Bigio serve de pont entre Prince et l’État haïtien soulève des interrogations majeures sur la transparence du processus et sur l’influence de réseaux privés et d’intérêts économiques dans les affaires publiques.

La Rédaction