
L’année 2025 s’inscrit dans la continuité d’une crise sécuritaire installée depuis 2018. Partie de la région métropolitaine de Port-au-Prince, l’insécurité s’est déplacée progressivement vers le Centre et l’Artibonite, forçant le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH) à élargir son champ d’observation à ces zones.
Les données recueillies montrent une évolution marquante des modes d’action des groupes armés. Alors que les assauts dans l’Artibonite étaient ponctuels en 2022, au moins 24 massacres et attaques armées ont été recensés entre janvier et septembre 2025 dans 25 localités situées dans huit communes.
Au fil des mois, plusieurs attaques ont été planifiées de façon coordonnée, touchant différentes zones simultanément. Selon le RNDDH, 84 personnes ont été tuées au cours de ces événements, ce qui représente une moyenne de trois victimes par attaque et neuf par mois sur la période concernée.
Dans le département, huit communes sont particulièrement ciblées par des groupes armés identifiés comme Kokorat San Ras, Gran Grif et Talibans/Mawozo. Petite-Rivière de l’Artibonite enregistre à elle seule huit attaques, faisant de cette localité l’une des plus touchées en 2025.
À côté de ces violences attribuées aux gangs, des tensions internes ont aussi émergé. Des membres de brigades d’autodéfense ont attaqué certaines communautés en les accusant de ne pas contribuer à la protection collective, comme l’a révélé l’épisode meurtrier survenu à Préval le 20 mai 2025.
Les institutions locales reconnaissent la gravité de la situation, mais n’ont présenté ni chiffres détaillés ni mesures concrètes pour y remédier. La police, confrontée à un manque de moyens humains et logistiques, n’a pas réussi à stabiliser les zones affectées malgré l’envoi limité d’unités spécialisées.
Considéré autrefois comme le grenier agricole d’Haïti, le département de l’Artibonite est aujourd’hui au centre de l’expansion des violences armées. L’absence de réponses rapides et structurées pourrait permettre à cette dynamique d’insécurité de s’étendre à d’autres régions.
Face à ces constats, le RNDDH formule plusieurs recommandations adressées aux autorités. L’organisation demande notamment le renforcement des capacités policières, la restauration des conditions minimales de sécurité, une assistance aux victimes et un financement adapté aux opérations de renseignement dans le département.
La Rédaction
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