Haïti/Salvador : deux visages de la justice face à la collusion entre pouvoir politique et gangs

Alors que le Salvador vient de démontrer la force de sa justice en condamnant un ancien président pour des négociations illégales avec des gangs, la situation en Haïti reste désespérément marquée par l’impunité et la complicité entre les élites politiques et les groupes criminels.

Le verdict salvadorien : un exemple de justice efficace

Mauricio Funes, président du Salvador de 2009 à 2014, a été condamné à 14 ans de prison pour avoir négocié avec des gangs durant son mandat. Ces négociations visaient à obtenir une trêve entre les groupes criminels en échange de privilèges, renforçant ainsi leur emprise sur la société. Ce jugement historique illustre une justice capable de poursuivre des figures de pouvoir, même au plus haut niveau, pour des actes de collusion avec des criminels.

Au Salvador, ce verdict envoie un message clair : aucune alliance entre l’État et le crime organisé ne restera impunie. Cette posture contraste violemment avec la situation haïtienne, où des accusations similaires n’aboutissent jamais à des enquêtes ou à des condamnations.

Haïti : une justice paralysée par l’impunité

En Haïti, les gangs ne se contentent pas de semer la terreur : ils sont devenus des acteurs politiques, souvent utilisés comme bras armés par des élites en quête de pouvoir. La justice haïtienne, cependant, ferme les yeux sur ces alliances scandaleuses.

Il est de notoriété publique que plusieurs gangs ont été formés ou soutenus pour des raisons politiques. Pourtant, aucun politicien ou haut fonctionnaire n’a été sérieusement inquiété par la justice pour ses liens présumés avec ces groupes criminels. Cette situation est aggravée par des révélations troublantes, comme celles concernant Jimmy Chérisier, alias “Barbecue”, l’un des chefs de gangs les plus influents. Il a affirmé que des membres du Conseil présidentiel, dont Louis Gérald Gilles, avaient initié des pourparlers avec des gangs via des intermédiaires, dont un militant politique Dickson Orestre, assassiné depuis.

Le silence face à la corruption : un fléau supplémentaire

L’impunité en Haïti ne se limite pas à la complicité avec les gangs. Un scandale impliquant trois conseillers présidentiels dans des détournements de fonds à la Banque Nationale de Crédit (BNC) illustre cette culture de non-responsabilité. Bien que l’affaire ait été confiée à un juge d’instruction, aucune avancée notable n’a été enregistrée, et les présumés coupables continuent de vaquer à leurs occupations et siéger à la magistrature suprême du pays.

Une justice haïtienne à réinventer

Le contraste entre le Salvador et Haïti est édifiant. Alors que le premier montre qu’une justice forte peut briser le cercle vicieux de la collusion entre pouvoir et criminalité, le second s’enlise dans une spirale d’impunité. Tant que la justice haïtienne restera incapable ou non désireuse de poursuivre ceux qui utilisent des gangs pour asseoir leur pouvoir, le pays continuera de sombrer dans l’insécurité et la corruption.

La question demeure : à quand une justice haïtienne capable de protéger les citoyens plutôt que les puissants ? Ce n’est qu’en brisant ce mur d’impunité que le pays pourra espérer sortir de cette crise et offrir un avenir meilleur à sa population.

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